Définition et origines de l’hypnose
Qu’est-ce que l’état d’hypnose ?
Le mot « hypnose » vient du grec « hupnoein » qui signifie endormir, plus spécifiquement il signifie littéralement « mis sous sommeil ».
Est-ce qu’on dort, donc, quand on est sous hypnose ? Absolument pas, c’est un des clichés les plus véhiculés sur l’état d’hypnose, son étymologie n’y est sans doute pas pour rien.
L’hypnose est un état naturel, un état qu’on appelle « état modifié de conscience » pendant lequel la personne hypnotisée se trouve entre l’état conscient habituel et un état proche du sommeil. C’est un peu comme si on est à la fois là et pas là, comme quand on est absorbé par un film ou un paysage, ou qu’on conduit quelques kilomètres et qu’on s’aperçoit soudain que le corps a comme « conduit tout seul », la pensée étant ailleurs.
Cet état particulier est propice au changement car dans cet état on est particulièrement suggestible.
La transe et le magnétisme
L’hypnose ou « état d’hypnose » est également appelé « transe hypnotique » et on retrouve cet état modifié de conscience depuis de nombreux siècles dans de nombreuses cultures tribales, la culture chamanique par exemple.
Ce n’est qu’à partir du 18 ème siècle, avec principalement le médecin allemand Frantz Mesmer que l’hypnose quitte le champ du spirituel pour rejoindre peu à peu celui du soin.
Mesmer a théorisé ce qu’il appelait le « magnétisme animal », une sorte de fluide magnétique universel qu’on pouvait utiliser pour guérir ceux qui souffraient.
Un peu après, c’est l’anglais James Esdaile, un chirurgien, qui a repris le concept de magnétisme et l’a utilisé pour effectuer des opérations en utilisant ce magnétisme comme un anesthésiant.
On citera enfin James Braid, un ophtalmologue, qui fut le premier à théoriser ce qu’il appela le « monoïdisme » c’est à dire l’idée que lorsque l’on concentre son attention sur une seule pensée cela conduit à un état proche du sommeil, c’est cet état qu’on nommera plus tard « l’état d’hypnose ».
A la fin du 19ème siècle, l’arrivée d’anesthésiants puissants tels que l’éther ou le chloroforme font passer l’hypnose au second plan mais l’hypnose médicale, et l’hypnose en tant qu’outil thérapeutique, vont poursuivre leur essor.
L’école de Nancy et l’école de La Salpétrière
En cette fin du 19 ème siècle, deux écoles françaises, et deux médecins en particulier, vont théoriser et poser les bases de l’hypnose moderne.
Le neurochirurgien Charcot, tout d’abord interne à l’hôpital de La Salpétrière (un asile de femmes) va s’intéresser à l’hypnose comme symptôme d’une maladie appelée à l’époque « l’hystérie ». Ses travaux sur l’hystérie, et sur l’hypnose, vont profondément révolutionner la manière dont on considère l’hypnose car il va l’étudier comme un neurologue c’est à dire de manière scientifique.
Rapidement célèbre, ses leçons et particulièrement ses expérimentations publiques vont attirer de nombreux scientifiques et étudiants, on citera parmi eux le jeune Sigmund Freud qui s’intéressera lui aussi à l’hypnose avant de se diriger exclusivement vers la psychanalyse.
Parallèlement, une autre école française va prendre de l’importance, c’est l’école de Nancy dont le chef de file (et rival de Charcot) est le professeur Bernheim.
Alors que Charcot concentre ses efforts sur une démarche expérimentale afin d’étudier les symptômes de l’hystérie en les différenciant des symptômes uniquement dus à des lésions cérébrales, Bernheim, lui, va s’intéresser à l’hypnose thérapeutique et poser les prémisses de la suggestion hypnotique.
Ces deux écoles sont assez révélatrices des bases de l’hypnose moderne qui cherche à la fois à utiliser l’hypnose sur le plan médical, comme un outil parmi d’autres (vision de Charcot) pour aider le patient à sortir de sa souffrance mais aussi sur le plan thérapeutique comme un état dans lequel la personne suggestible peut changer son rapport à des éléments traumatiques de la vie.
L’hypnose thérapeutique ou hypnothérapie
On l’a vu, l’état d’hypnose est protéiforme, il varie, on peut l’utiliser pour différentes fins.
De nos jours, l’hypnose tourne autour de trois pôles assez différents les uns des autres.
L’hypnose de spectacle
On passera assez vite sur cette forme d’hypnose qui, si elle n’en est pas moins réelle, n’apporte pas vraiment de solutions thérapeutiques.
Il s’agit là d’un simple divertissement.
L’hypnotiseur choisit un sujet (en général il choisit ceux ou celles qu’il a déjà repérés comme étant des sujets particulièrement suggestibles par des tests hypnotiques préliminaires) et il va le mettre dans un état d’hypnose profonde.
La personne n’est alors plus du tout consciente, elle ne sait pas ce qu’il se passe, c’est comme si elle dormait, et, dans cet état particulier, son cerveau est particulièrement suggestible : il va donc obéir (en l’absence du conscient qui en principe est celui qui le commande en priorité) aux ordres de l’hypnotiseur.
C’est un spectacle qui peut être très intéressant, voire amusant, cela reste un spectacle.
Si cela peut rassurer toute personne qui aimerait connaître l’état d’hypnose, il n’est pas nécessaire de dormir en hypnothérapie, on peut rester conscient de soi tout en étant ailleurs.
C’est cet ailleurs qui permet le changement et, s’il est en partie conscient, c’est souvent encore mieux !
L’hypnose médicale : analgésie et gestion de la douleur
Héritière de Charcot, l’hypnose médicale est essentiellement pratiquée en vue de gérer la douleur voire de la supprimer temporairement dans le cas d’une anesthésie hypnotique.
Avec les progrès de la médecine, des neurosciences et de l’imagerie médicale, il a désormais été prouvé que l’état d’hypnose est un état particulier du cerveau qui le rend plus malléable aux suggestions tout en permettant à la fois une forme de relaxation mais aussi un mieux être corporel et mental.
Depuis le début du 21ème siècle les praticiens en hypnose clinique réalisent des études approfondies pour démontrer et valider scientifiquement son efficacité.
Elle est désormais officiellement considérée comme un ensemble de techniques scientifiquement validées et reproductibles qu’on utilisera dans le traitement de certaines maladies physiques et/ou mentales, contre certaines addictions également.
De nos jours, l’hypnose a sa place dans les facultés de médecine et elle est de plus en plus employée par les structures de soin (hôpitaux, cliniques, centres luttant contre les addictions etc).
Une vision moderne de l’hypnose : l’hypnose Ericksonienne
Avant l’arrivée d’Erickson dans le monde de l’hypnose, les praticiens qui l’utilisaient employaient essentiellement des suggestions directes. C’est le fameux « vos paupières sont lourdes » ou le simple « dormez ».
C’est ce qu’on appelle l’hypnose classique ou hypnose directe : le praticien donne des ordres directs à la personne qui est dans un état de conscience modifiée.
La suggestion directe, bien qu’efficace, ne prend hélas pas en compte la dimension unique et originale de chaque individu, elle consiste à « prendre le pouvoir », comme en hypnose de spectacle, pour diriger l’esprit du patient.
Ainsi, si vous êtes ce qu’on appelle parfois « résistant », il est probable que vous ne vous laisserez pas facilement hypnotiser, il vous sera difficile de lâcher prise si vous ne savez pas ce que peut faire ou dire la personne qui va donner des ordres (les suggestions directes) à votre inconscient.
L’hypnose Ericksonienne se situe du côté de la suggestion indirecte. Plus permissive, elle repose sur le principe que chaque personne peut puiser dans ce qui lui est suggéré ce qui va être utile à sa guérison ou à son mieux être.
C’est le Psychiatre américain Milton Erickson qui en pose les bases à partir des années 1930.
Sa propre histoire est signifiante : à l’âge de 17 ans il reste paralysé suite à une poliomyélite. Il sera immobilisé de nombreux mois et observera attentivement ce qu’il entoure. De lui-même, peu à peu, il va pratiquer une forme d’autohypnose pour réapprendre à son corps à se mouvoir. Un an plus tard il traversera l’Amérique en canoë.
Convaincu du pouvoir de l’auto suggestion, Milton Erickson va développer sa propre manière de faire de l’hypnose. Le thérapeute est en position basse, c’est à dire qu’il n’en sait pas plus que le patient, il en sait même moins car c’est le patient lui-même qui se connaît le mieux, c’est lui qui a les ressources inconscientes pour changer. Le thérapeute va donc interroger son client, lui poser des questions sur sa façon particulière de générer son problème, il va également proposer, par des suggestions indirectes, différentes voies afin de permettre à l’inconscient de dépasser ce qui le trouble.
Le thérapeute Ericksonien ne prend donc pas le pouvoir, il considère que les réponses sont dans l’inconscient de la personne, inconscient qu’il voit comme un réservoir de différents souvenirs, ressources et apprentissages (positifs ou négatifs).
La première séance chez un hypnothérapeute consiste donc, la plupart du temps, en un questionnement et cherche à établir un lien de confiance sans lequel la personne ne se laissera pas facilement hypnotiser.
Le patient devient donc le principal acteur de sa guérison : l’hypnothérapeute, au lieu de prendre le pouvoir le redonne à celui qui est venu le consulter.
De nos jours, et même s’il existe d’autres formes d’hypnose (comme l’hypnose humaniste ou l’hypnose conversationnelle par exemple) c’est la forme d’hypnose la plus enseignée lors des formations.
L’héritage de Milton Erickson est riche, on le retrouve dans le monde de l’hypnose évidemment mais il a également inspiré la PNL (Programmation Neuro Linguistique) et de nombreux types de psychothérapies, essentiellement la branche des thérapies brèves.